Versatile 2 : Essayage
Cétait le Prélude mais nous ne le savions pas encore. Comme tout le monde, je me souviens désormais du discours quHilary Clinton tint quelques années plus tard devant le Conseil de Sécurité, ce fameux discours où elle affirmait, avec la clairvoyance rétrospective des politiciens, que pour chacun dentre nous, pour chacun dentre eux cétait ses mots , il y avait eu des signes. Et peut-être, si je songe à cette période-là, si je songe au Prélude, ces rencontres improbables auraient dû me dire quelque chose. À lépoque cependant, je ne comprenais pas.
Les cours ne commençaient pas avant une semaine. Je ne peux pas dire que jétais très pressé. Javais choisi une filière comme ça, plutôt parce que jétais sûr dy être accepté que par véritable intérêt. Ni mauvais élève, ni premier de la classe, je prévoyais donc de me fondre dans la masse des étudiants en psychologie. Je savais très bien que la filière était bouchée, comme ils disent. Quil ny avait pas de travail à la clé, peut-être. Pas comme si jen avais besoin. En arrivant, javais jeté un rapide coup dil à la plaquette de présentation et puis jétais passé à autre chose.
Aux équipements de sport, par exemple. Ça, ça mintéressait. Javais hésité à minscrire en STAPS, même. Mais la patience de mes parents avait des limites et il voulait quelque chose dun peu sérieux. Pouvoir dire à leurs amis, dans les dîners mondains, que leur fils étudiait une matière respectable, pas quil passait ses journées à taper dans des ballons. En escalade pourtant, jétais vraiment doué. En natation. En tennis. Ça, ça mintéressait, et là où eux ne voyaient que le jeu des muscles, une espèce dactivité mécanique et même un peu animale, moi je voyais la technique aussi, tout ce que ça exigeait de discipline, de réflexion, de préparation.
Javais laissé beaucoup de mon matériel à Brest. Pour ne pas être trop chargé dans le train. Alors, à peine ma valise posée dans lappartement, javais cherché les magasins de sport de la ville et le lendemain, je découvrais le réseau des transports en commun.
Après un signe de tête à la femme qui tenait la caisse, je me mets à déambuler dans les rayons. Jai besoin dun casque, dun baudrier, dun peu de poudre, dune nouvelle gourde et pourquoi pas dun bon sac à dos et de chaussures de randonnée. Quitte à vivre près des montagnes, autant en profiter pour faire de lescalade en plein air, même si je ne comptais pas my risquer avant davoir trouvé un club digne de ce nom, où on mindiquerait les parois sans danger. Après une bonne demi-heure, javais rassemblé ce que je voulais et je passais en revue les derniers joggings bien coupés, en étudiant les étiquettes qui vantaient les mérites de telle ou telle matière révolutionnaire.
Mon regard fut quand même attiré par un mouvement à côté de moi. Je suivis des yeux un jeune qui devait avoir mon âge, brun très froncé, un peu plus petit que moi, un physique sec de footballeur. Ses yeux à lui croisèrent les miens. Il esquissa un demi-sourire et continua son chemin vers les cabines dessayage. Mon regard ségara sur ses fesses. Je les devinais musclées sous son short estival. Dhabitude je ne faisais pas ça. Regarder les garçons. Mais laventure du train avait réveillé quelque chose en moi.
Arrivé devant les cabines dessayage, il se retourna vers moi et puis disparut derrière le rideau. Il sétait retourné parce que
? Pour rien, sans doute. Parce que je le fixais. Cette histoire avec le militaire, ça métait monté à la tête. Nempêche, je quittais mon rayon et je partis examiner les baskets, jusquà côté de la cabine.
Mes joues virent au cramoisi. Et en même temps, je ne détourne pas les yeux. Je repense au militaire, qui avait été si sûr de lui. Et pourquoi pas ? Pourquoi moi, je ne pourrais pas le faire ? Sans vraiment réfléchir, je me glisse dans la cabine à mon tour et je tire mieux le rideau, pour lui faire face. Sauf que là, je ne sais pas quoi faire. Cétait ça, le summum de mon audace : rentrer pour le regarder, les bras ballants, comme un imbécile.
Jmappelle Thomas.
Jaime bien sa voix. Douce et grave. Moi qui avais cru que lanonymat était de règle, je suis pris au dépourvu, je dis rien et il finit par demander :
Et toi ?
M-Morgan.
Ctun prénom dfille, ça.
Cest breton.
Ouais. Mais ctun prénom dfille.
Jsuis pas une fille.
Il fait un signe de tête vers mon short.
Jvois ça.
Je baisse les yeux et je me rends compte quune érection massive sy dessine. Mon embarras ne fait quaugmenter quand il dit :
La vache, tes monté comme un taureau.
Je ne suis pas habitué à ça. À ce quon parle crument de ça. Avec ce genre de mots-là. Ce nest pas que je ne les connaisse pas, cest juste
question déducation.
Euh
T-toi aussi
Il se met à rire, parce que jai dit ça comme une sorte de politesse, mais maintenant je fixe son slip. Je ne me dis même pas que si quelquun passe à côté de la cabine, on nous entendra. On quon peut voir nos pieds sous le rideau.
Tu veux me sucer ?
Quoi ?
Je relève brusquement les yeux vers lui. Évidemment que jai compris.
Mets-toi à genoux.
Sans attendre je mexécute. Il passe ses doigts sous lélastique de son sous-vêtement et le fait tomber au sol. Son sexe est plutôt petit que le mien mais je men fiche. Je le trouve
Beau. Cest le premier mot qui me vient. Jai limpression que cest idiot. Que je devrais penser autre chose. Quelque chose de plus sexuel, en quelque sorte. Mais je le trouve beau oui, presque sculpté. La voix de Thomas se charge de me tirer de mes réflexions artistes.
Suce.
Là, je suis subjugué par son autorité. Comme le militaire la fait pour moi la veille, je soulève son sexe avec ma main, jouvre bien grand la bouche, de façon sans doute un peu ridicule, et jenferme cette chair encore molle entre mes lèvres. Lodeur mâle monte à mes narines et ma propre érection devient presque douloureuse. Je commence à faire glisser mes lèvres. Il ne doit pas sentir grand-chose, parce que je ne sers pas fort. Jai peur de lui faire mal avec mes dents. Ça nempêche pas son sexe de grossir rapidement et de remplir ma bouche. Je lentends soupirer et puis il souffle :
Putain, tas dla place là-ddans, mec, tes fait pour ça
Je crois que sa vulgarité me choque un peu mais elle mexcite surtout. Jai presque envie quil parle sans sarrêter. Jéprouve le même sentiment de soulagement que lorsque je mimaginais, adolescent, insulter mes parents. Sa main se glisse dans mes cheveux et, contrairement au militaire, je ne fais rien pour larrêter. Je garde lune des miennes refermer au bas de son sexe et lautre inactive.
Serre plus.
Je mexécute. Sa main se referme sur mes cheveux et immobilise ma tête. Il tire un peu mes cheveux. Je gémis. Je croyais que cétait de douleur mais jentends le son de ma propre excitation.
Jvais tapprendre comment on fait, tu vas voir.
Et il retire un peu son sexe, avant de lenfoncer, de recommencer, de lenfoncer encore, et bientôt, il fait des vas-et-viens dans ma bouche. Je sens son gland humide glisser sur ma langue, la chaleur de son sexe contre mes lèvres, je le sens qui me remplit, et puis qui mabandonne, et je suis incapable de bouger. Je me dis ça au début, quil mempêche de bouger, mais je sens bien quun geste de la tête et je me dégagerais facilement. Pourtant, je le laisse se servir de moi. Je lève juste les yeux, pour voir son torse, ses muscles qui se contractent, et le regard quil me jette parfois, avec un sourire victorieux.
Mon boxer à moi est humide dexcitation. Jai limpression quil le devine. Soudain, il lâche mes cheveux.
Vas-y, pompe.
Cette fois, je sers bien les lèvres et je commence à le sucer aussi vite que je peux, à laspirer, et il gémit un tout petit peu. Cest comme une victoire. Puis il me ratt les cheveux et il recommence. On joue à ce petit jeu-là pendant une éternité, jai limpression. Un coup lui. Un coup moi. Puis pour de bon, il matt les cheveux et commence à donner des coups de reins de plus en plus fort, jusquà senfoncer dans ma bouche aussi loin que possible et sarrêter. Là, je le sens frissonner et son sperme gicle contre ma gorge. Jai un haut le cur. Limpression d. Mais il ne bouge pas. Il me fixe.
Comme je peux, je déglutis, ça coule à lintérieur de moi, chaud, salé, brûlant. Moi, je mattendais à ce que la texture me dégoûte, mais cest pas tellement ça. Tout ce que je sens, cest son goût, son goût de mâle. Quand il a fini déjaculer, il se retire lentement et je plaque avidement ma langue contre son gland, pour quil soit propre dès quil sort de mes lèvres. Sans attendre il se rhabille. Il a oublié ce quil était venu essayer.
Tas un portable ?
Je suis encore soufflé. Je me relève maladroitement et je frémis quand je sens sa main qui maide à me redresser. Il la pose sur mon torse et ses yeux ont perdu cet air dautorité presque dédaigneuse quils ont eu un bon moment.
Euh. Oui. Bien sûr.
Vas-y, note mon numéro.
Parce quil veut quon se revoie ? Je tremble plus en sortant lappareil que je lai fait en attrapant son sexe. Sa deuxième main se pose sur mon short et se referme un peu sur mon sexe. Je pousse un petit gémissement surpris alors quil commence à me dicter son numéro en me massant lentement. Je dois my reprendre à plusieurs fois mais je lenregistre.
Voilà.
Aussitôt il me lâche et je dois avoir lair frustré, parce quavec un sourire amusé, il approche ses lèvres de mon oreille et murmure :
Moi, jy vais. Toi, tu vas rester là, tu vas te branler, tu vas filmer ça avec ton téléphone et tu vas menvoyer la vidéo. Jveux qutu gicles sur le miroir et qutu laves pas en repartant. Cest clair ?
Jpeux pas faire ça
Une nouvelle fois, il rit.
Si tu veux qujréponde quand tu mappelleras parce que tu voudras sentir mon foutre sur ton visage, tas plutôt intérêt à le faire.
Et sur ces mots aussi brûlants que sa semence, il se faufile hors de la cabine. Je reste là avec mon téléphone dans la main. Je ne me rends même pas compte que lautre ouvre un à un les boutons de la braguette de mon short. Et puis je descends mon boxer et je sors mon sexe gonflé. Je navais jamais pris de vidéo avec mon téléphone, alors je cherche un moment, je trouve le bon angle et je commence à filmer, alors que je me
branle. Comme il a dit.
Il ma trop excité pour que je cherche à me retenir. Alors je vais de plus en plus vite, de plus en plus fort. Je serre les dents pour pas gémir. Cette fois-ci, ce nest pas lexploit : il ne me faut même pas une minute pour éclabousser le miroir de longs jets blancs. Je les filme consciencieusement et puis jarrête la vidéo. Je me rhabille aussi vite que possible et là, le cur qui bat à tout rompre, je sors de la cabine et je marche vers la caisse avec mes achats.
Sérieusement, jai limpression que je viens de forcer le coffre-fort et que je dois marcher assez vite pour pouvoir menfuir mais pas trop pour ne pas alerter la sécurité. Je pense à mon sperme qui dégouline sur le miroir, je pense que quelquun pourrait rentrer dans la cabine, mavoir vu en sortir, me rattr, maccuser, mhumilier devant tout le monde. Quand la caissière commence à scanner mes achats, je crois que je pianote du bout des doigts sur le rebord du comptoir. Cest pas très poli. Je garde mon téléphone serré fort dans lautre main.
Les articles sont dans le sac, je marche vers la sortie. On va marrêter au dernier moment. Mais non, cest lair libre. Je dois avoir lair dun idiot mais là, je pars en courant, dans une petite rue derrière le magasin, je cours, je cours, comme si jessayais dattr un bus on-ne-sait-trop-où, et je marrête deux cents mètres plus loin à bout de souffle.
Je jette un il sur mon portable. Jamais je ne pourrais retourner dans ce magasin. Pas grave : ce qui compte, cest que je suis en train denvoyer à Thomas sa vidéo.
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